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Le blog-outil de la 2de3 du lycée français Jean-Mermoz de Dakar - Objet d'étude "La tragédie et la comédie au XVIIe siècle : le classicisme"

dimanche 28 décembre 2014

Corpus: Les procédés

Afin de faire aborder aux élèves la notion de comédie, je propose ici un corpus axé sur les principaux procédés du comique, avec pour problématique : « Pourquoi peut-on dire que ces textes sont extraits d’une comédie classique ? » A l’issue de l’étude des extraits correspondants,  les élèves devront être capables de définir la comédie comme un genre littéraire destiné à divertir. Ils relèveront également la dimension critique, satirique de l'oeuvre, signifiant pour ce genre un dessein plus grand ; instruire par le rire, ou castigat ridendo mores, toujours dans l’optique de la catharsis.

Le premier texte n'est autre que la scène 2 de l'acte I. Après sa longue absence, alors qu’il s’attend à un accueil chaleureux, Alain et Georgette se disputent pour ne pas ouvrir la porte, puis, sous la menace, utilisent presque les mêmes répliques pour aller l'ouvrir, d'où le comique de répétition. Lors de cet extrait, Alain porte malencontreusement un coup à son maître et s'en fait tancer. Le comique provient bien évidemment de la mise en scène, le démontrent les didascalies. L’effet de comique est ici produit par l’interprétation ; c’est le comique de gestes. Notons toutefois la présence certes discrète du comique de mot, v. 212: "Le plaisant strodagème!", et v. 229-230: "Et nous n'oyions jamais passer devant chez nous [ Cheval, âne, ou mulet, qu'elle ne prît pour vous.", laissant entendre une comparaison humoristique entre Arnolphe et un Equidé.

L'acte III, scène 2 du vers 100 "Et voici de ma poche" au vers 159 "XIe MAXIME...", compose le second extrait. Après une longue tirade moralisatrice, Arnolphe fait lire à Agnès les dix premières maximes d'une oeuvre intitulée "LES MAXIMES DU MARIAGE OU LS DEVOIRS DE LA FEMME MARIEE". Les élèves feront ainsi le lien avec les Maximes de La Rochefoucauld publié seulement deux ans plus tard. Il s'agit de toute évidence d'une parodie de ce style, pouvant même être mise en relation avec les dix commandements bibliques, qui laisse transpirer la volonté, voire l'obsession d'Arnoplphe de n'être cocu. Ce dernier apparaît alors tel un être buté, obnubilé. L’effet comique résultant cette fois de la peinture d’un caractère, on parle de comique de caractère.

La scène 2 de l'acte IV dans son intégralité constitue le troisième texte étudié. Alors qu’Arnolphe réfléchit à haute voix sur la direction qu’il doit donner à ses affaires, ayant prit connaissance de l’état avancé de la relation de sa promise et son amant, le notaire l’instruit sur les détails du contrat de mariage. L’aspect comique réside dans le décalage de cette discussion pour le moins absurde : l’un imagine le moyen de reconquérir sa belle, tandis que l’autre s’étend sur les finalités du mariage. Déjà étudiée au collège, cette façon du théâtre est appelée quiproquo. L’effet comique est ici produit par la situation du personnage dans l’histoire ; on parle de comique de situation.

Pour terminer, les élèves noterons la satire sociale sous-jacente de Molière. En particulier dans le deuxième extrait, l'auteur met en avant le déséquilibre homme/femme de la société d'entan. Le mariage est de fait perçu comme une contrainte, la femme n'ayant pas le choix de son époux. De plus, cette scène a également une envergure plus large, puisque la société elle-même y est critiquée, étant jugée trop sévère envers la jeunesse. Enfin, le détournement de la religion, son instrumentalisation à des fins personnelles, est largement dénoncée.

Yona

4 commentaires:

  1. Bonjour Yona.
    Merci de ton travail.
    Qqs remarques pour l'améliorer :
    - Présente les textes dans l'ordre de l'intrigue.
    - La scène 2 de l'acte IV peut être donnée jusqu'à la fin (puisque s'y trouve la résolution bilatérale du quiproquo).
    - tes rqs sur III, 5 sont tout à fait pertinentes. Cependant, je pense que d'autres extraits seraient plus pertinents pour faire (re)découvrir le comique de caractère à tes camarades. Cette scène-ci est sombre, tourmentée. Arnolphe y paraît plus digne de pitié que ridicule.
    Bon courage !

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